Une proposition séduisante mais perfectible dans l’univers des consoles hybrides
La Lenovo Legion Go S, nouvelle venue dans l’arène des consoles portables hybrides, se positionne comme une alternative plus abordable et compacte à la Legion Go. Avec un tarif d’entrée fixé à 629 €, elle cible un public désireux de profiter d’une expérience de jeu en mobilité sans casser la tirelire. Cependant, cette version allégée parvient-elle réellement à convaincre dans un secteur en plein essor, dominé par des acteurs solides comme le Steam Deck ou encore la ROG Ally ? Tout en reprenant certains codes de son aînée, la Legion Go S tente d’apporter des ajustements, mais non sans compromis.
Un design ergonomique mais un poids qui se fait sentir
Esthétiquement, la Legion Go S arbore un look distinct grâce à ses courbes arrondies et son coloris blanc immaculé. Lenovo semble avoir voulu s’inspirer des machines de niche issues du marché chinois, telles qu’Ayaneo, tout en conservant une certaine sobriété. L’ergonomie est assurément un point fort de cette console : ses poignées texturées offrent une prise en main agréable, et même après de longues sessions de jeu, la fatigue se fait peu sentir. Cependant, son poids conséquent de 740 g la place parmi les consoles les plus lourdes du marché. Malgré ses dimensions légèrement réduites par rapport à la Legion Go, elle reste encombrante pour une utilisation en déplacement. Ce compromis sur la portabilité pourrait rebuter ceux qui recherchent une console réellement nomade.
Des améliorations bienvenues dans les contrôles
Lenovo n’a pas négligé les commandes, un aspect crucial pour tout joueur. Les sticks analogiques Hall Effect sont toujours aussi précis et agréables à manipuler, tandis que la croix directionnelle bénéficie d’un design remanié inspiré des manettes SEGA. Ce changement est particulièrement apprécié pour les jeux de type plateforme ou rétro. En revanche, le pavé tactile, désormais réduit à une taille minuscule, soulève des interrogations. Sa praticité en prend un coup, le rendant presque inutilisable en jeu, surtout si l’on cherche à naviguer dans des interfaces complexes. Ce choix semble être davantage dicté par des considérations de coût que par une réelle réflexion sur l’expérience utilisateur.
Connectique et fonctionnalités : des ajustements discutables
La disposition des ports et boutons a également été revue. Si l’on note l’apparition de commutateurs permettant de raccourcir la course des gâchettes arrière, un atout pour les amateurs de FPS, d’autres choix sont plus discutables. Les deux ports USB-C, par exemple, sont désormais côte à côte, ce qui peut compliquer l’utilisation simultanée de plusieurs périphériques. Par ailleurs, le port microSD, bien que pratique pour augmenter la capacité de stockage, a été déplacé sous la console, un emplacement qui n’est pas toujours intuitif.
Windows 11 : un logiciel encore inadapté aux consoles portables
Comme beaucoup de consoles-PC portables, la Legion Go S repose sur Windows 11, un système d’exploitation puissant mais peu optimisé pour ce type de matériel. L’expérience utilisateur en pâtit, notamment lors de la navigation dans les menus ou l’installation des jeux. La surcouche logicielle Legion Space, censée simplifier l’accès aux bibliothèques des différents launchers (Steam, Xbox Game Pass, Epic Games Store, etc.), reste perfectible malgré quelques ajustements depuis la version précédente. Par exemple, l’absence de filtres dans l’onglet Boutique et la navigation fastidieuse via l’écran tactile ou le pavé tactile rendent l’utilisation laborieuse. De nombreux joueurs pourraient être tentés d’utiliser un clavier et une souris pour configurer leur console, un comble pour un appareil censé être portable.
Problèmes techniques récurrents
Windows 11 apporte également son lot de problèmes techniques. Durant nos tests, nous avons rencontré des soucis touchant l’écran tactile, nécessitant des réparations via le Terminal. De plus, l’obligation de définir un code PIN après une mise en veille, si l’on associe son compte Microsoft, ajoute une couche de frustration. Bien que ces limitations soient liées au système d’exploitation et non spécifiquement à Lenovo, elles rappellent les défis auxquels font face les consoles hybrides sous Windows.
Des performances en demi-teinte
Au cœur de la Legion Go S se trouve la puce Ryzen Z2 Go, une version allégée du Z1 Extreme. Cette configuration, bien que correcte pour des titres moins gourmands, montre rapidement ses limites lorsqu’il s’agit de jeux exigeants. Avec ses quatre cœurs CPU et ses douze cœurs graphiques, elle se situe à mi-chemin entre le Z1 et le Z1 Extreme, sans pour autant offrir un saut significatif en termes de puissance.
Des performances modestes pour les jeux AAA
Lors de nos tests, la Legion Go S a montré ses lacunes dans des titres comme *Cyberpunk 2077*, où les performances peinent à dépasser les 30 images par seconde en 1080p, même avec des paramètres graphiques réduits. Il est possible d’améliorer légèrement les performances en abaissant la résolution à 720p, mais cela se fait au détriment de la qualité visuelle, particulièrement sur un écran Full HD. En revanche, pour des jeux moins gourmands ou en 2D, comme *Hollow Knight* ou *Celeste*, la console s’en sort honorablement. Cela pose néanmoins la question de la pertinence d’un écran 1920 x 1200 pixels sur une machine dont les capacités matérielles ne permettent pas d’exploiter pleinement cette résolution.
Une autonomie limitée mais une charge rapide
Avec une batterie de 55 Wh, la Legion Go S offre une autonomie correcte mais loin d’être exceptionnelle. Lors de sessions de jeu intensives, comme sur *Forza Horizon 5*, la console n’a tenu qu’1 heure et 38 minutes. En revanche, en mode économie d’énergie et avec des jeux moins gourmands, il est possible de jouer pendant plusieurs heures. La recharge, quant à elle, est rapide grâce au chargeur 65 W inclus.
Un écran et un son qui divisent
L’écran IPS de 8,8 pouces est globalement satisfaisant, bien qu’il souffre de problèmes de calibration des couleurs. Les teintes tirant vers le bleu et un delta E moyen perfectible ne permettent pas une reproduction fidèle des couleurs. Cependant, le contraste est excellent pour une dalle IPS, ce qui permet d’obtenir une bonne lisibilité dans des environnements variés. Côté audio, les enceintes intégrées offrent un volume sonore suffisant, mais manquent de clarté et de profondeur. La sortie casque, bien que fonctionnelle, ne brille pas par ses performances, notamment en termes de diaphonie et de plage dynamique.
Un système de refroidissement maîtrisé mais bruyant
Lenovo a réussi à maintenir des températures acceptables, même lors de sessions de jeu intensives. La surface arrière de la console reste fraîche, tout comme la partie avant. Toutefois, le ventilateur peut se montrer bruyant, surtout en mode Performance, avec des pics sonores atteignant 38 dB. Les joueurs sensibles au bruit préféreront opter pour le mode Silencieux, qui réduit les nuisances au prix d’une baisse des performances.
Conclusion : une console qui peine à trouver sa place
La Lenovo Legion Go S est une console intéressante sur le papier, grâce à son prix attractif, son ergonomie réussie et des fonctionnalités bien pensées comme les interrupteurs pour les gâchettes. Cependant, ses limites en termes de performances et les nombreux compromis liés à Windows 11 la placent en retrait face à des concurrents comme le Steam Deck ou la ROG Ally. Pour les joueurs occasionnels ou ceux qui privilégient les jeux indépendants, elle peut constituer une option envisageable. Mais pour les amateurs de titres AAA ou ceux qui recherchent une expérience utilisateur fluide, la Legion Go S risque de décevoir. Lenovo devra encore affiner sa copie pour rivaliser avec les leaders du marché.