Une adaptation française trop fidèle à l’original
La série britannique *Ghosts*, qui a conquis son public avec cinq saisons de charme et d’humour, arrive en France dans une adaptation coproduite par TF1 et Disney. Intitulée *Ghosts : fantômes en héritage*, cette version française reprend l’idée de départ : une bande de fantômes coincés dans un château confrontée à des vivants qui viennent chambouler leur existence. Pourtant, ce qui aurait pu être une réinterprétation inventive se révèle surtout être un copier-coller presque intégral de la série originale. Si le programme offre quelques ajustements culturels et des touches locales, il reste en grande partie prisonnier d’une fidélité excessive.
Un scénario identique à l’original
L’adaptation française suit à la lettre les intrigues de la série britannique. Les six épisodes de cette première saison ne proposent pratiquement aucune surprise aux spectateurs qui connaissent déjà la version anglaise. Chaque rebondissement, chaque interaction majeure semble calqué sur l’original, à tel point qu’on en vient à se demander si le script n’a pas simplement été traduit sans autre forme de réflexion. Cette absence de nouveauté rend la série peu captivante pour ceux qui ont déjà vu la version britannique ou son adaptation américaine. Si la série américaine, diffusée sur CBS, avait su prendre des libertés pour étoffer le format et explorer de nouvelles pistes narratives, la version française, elle, reste figée. Ce choix, que certains pourraient qualifier de prudent, apparaît surtout comme une opportunité manquée. L’audace narrative aurait pu permettre à cette adaptation de se démarquer et d’apporter sa propre identité. Au lieu de cela, *Ghosts : fantômes en héritage* se contente de recycler une formule existante, sans effort notable pour surprendre ou enrichir l’univers original.
Une francisation au service de l’humour
Malgré ce manque d’inventivité, il serait injuste de passer sous silence les points positifs de cette adaptation. Les dialogues, réécrits pour s’adapter au public français, oscillent entre comique de situation et humour grinçant. Cette tonalité, très marquée par la patte d’Arthur Sanigou, co-créateur de la série, permet d’ancrer ces fantômes dans un contexte culturel hexagonal. Les références, les blagues et les situations trouvent un écho dans des spécificités bien françaises, ce qui donne à l’ensemble une saveur locale indéniable. Parmi les ajustements les plus notables, on trouve une transformation des personnages pour mieux coller à des archétypes français. Ainsi, l’aristocrate anglaise du XIXe siècle devient une duchesse française, tandis que le général britannique cède sa place à un militaire tricolore. L’humour national se niche également dans la création de personnages inédits, comme un collaborateur de la Seconde Guerre mondiale incarné par Paul Deby, qui apporte une dimension burlesque à cette galerie de fantômes. Ces éléments d’adaptation culturelle, bien que réussis, ne suffisent pas à masquer le caractère prévisible des intrigues. Ils offrent toutefois quelques moments de légèreté et d’amusement, particulièrement pour les spectateurs qui découvrent cet univers pour la première fois.
Un casting solide et bien exploité
L’un des atouts majeurs de cette version française réside dans son casting, qui réussit à donner vie à cette bande de fantômes hétéroclites. Camille Chamoux et Hafid F. Benamar, dans les rôles des vivants Alison et Nabil, forment un duo efficace, à la fois attachant et drôle. Leur dynamique avec les fantômes apporte une belle énergie aux interactions, même si celles-ci restent limitées par les contraintes d’un scénario trop fidèle. Côté fantômes, le casting brille également. Fred Testot, Bruno Sanches, Tiphaine Daviot, Camille Combal et Monsieur Poulpe incarnent avec talent des personnages hauts en couleur. Chaque acteur semble s’être approprié son rôle, apportant une touche personnelle qui rend leur personnage mémorable. L’alchimie entre les différents membres du casting fonctionne parfaitement, et certains moments d’interaction collective parviennent à faire oublier les faiblesses du scénario. Mention spéciale pour les choix de mise en scène, qui exploitent habilement les talents comiques de cette distribution. Les dialogues bien rythmés et les situations absurdes permettent à chaque acteur de briller à tour de rôle, rendant l’ensemble particulièrement agréable à suivre, même si l’on connaît déjà les grandes lignes de l’histoire.
Une adaptation qui manque d’ambition
Le principal reproche que l’on pourrait adresser à cette version française de *Ghosts* est son manque flagrant d’audace. En se contentant de reproduire les intrigues de la série originale, elle se prive de tout élément de surprise ou de renouveau. Pour les fans des précédentes versions, cela constitue un véritable frein, car il est difficile de s’enthousiasmer devant des épisodes dont on connaît déjà le déroulement. Cette absence d’innovation est d’autant plus regrettable que la série dispose de solides atouts. Le casting, l’humour et les ajustements culturels montrent que les créateurs avaient les moyens de proposer une adaptation plus libre et plus originale. Malheureusement, cet effort ne se traduit pas dans le scénario, qui reste désespérément figé.
Un programme accessible pour les néophytes
Pour autant, *Ghosts : fantômes en héritage* n’est pas dénuée d’intérêt. Si elle déçoit les fans de la série originale ou de son adaptation américaine, elle constitue une porte d’entrée idéale pour les spectateurs français qui découvrent cet univers pour la première fois. La dynamique entre les vivants et les fantômes, l’humour décalé et le charme des personnages suffisent à captiver un public novice, qui pourra apprécier cette comédie légère sans comparaison préalable. Pour ce public, la série remplit son rôle de divertissement accessible et plaisant. Elle parvient à installer son univers avec efficacité, grâce notamment à des personnages bien campés et une mise en scène soignée. En ce sens, elle réussit à offrir une expérience agréable, même si elle reste en deçà de ce que l’on aurait pu espérer d’une adaptation française.
Une opportunité manquée
En définitive, cette version française de *Ghosts* laisse un goût d’inachevé. Si elle parvient à séduire par son humour et son casting, elle échoue à se démarquer de la série originale en proposant une véritable réinterprétation. Sa fidélité excessive au matériau de base en fait une adaptation trop sage, qui manque d’ambition pour réellement marquer les esprits. Pour les spectateurs familiers de la série britannique ou de son remake américain, cette adaptation française risque de passer inaperçue. Mais pour les curieux qui découvrent cet univers pour la première fois, elle offre une introduction plaisante et divertissante. Reste à espérer que de futures saisons oseront prendre plus de libertés pour enrichir cet univers et lui donner une identité propre.