Un démarrage fort, mais pas assez pour Marvel
Le film *Thunderbolts*, dernier-né de l’univers cinématographique Marvel (MCU), réalise une première semaine prometteuse avec 76 millions de dollars récoltés aux États-Unis. Un chiffre que beaucoup de studios convoitent, mais qui, pour Marvel, s’avère en demi-teinte. Compte tenu de son budget colossal estimé à 180 millions de dollars (hors frais marketing), ce lancement reflète davantage une stagnation qu’un véritable triomphe. La machine Marvel, autrefois implacable, peine à retrouver l’élan qui caractérisait ses productions des années précédentes.
Un box-office décevant pour un géant
Si l’on compare les chiffres, *Thunderbolts* fait légèrement mieux que certains films récents du MCU comme *Shang-Chi* ou *Eternals*, mais reste loin des débuts tonitruants des premiers volets de la saga. Par exemple, des films comme *Black Widow* ou *Thor: The Dark World* avaient surpassé la barre des 80 millions de dollars lors de leur lancement, ce qui souligne à quel point le MCU a changé de dynamique. Le film reste également en deçà des 88,8 millions de dollars récoltés par *Captain America: Brave New World* en début d’année. Ce dernier avait néanmoins vu son audience s’effondrer en deuxième semaine, perdant 68 % de son public. Pour *Thunderbolts*, les premiers retours critiques positifs et un bouche-à-oreille encourageant pourraient jouer en sa faveur et atténuer cette fuite de spectateurs.
Un casting solide, mais des personnages secondaires
*Thunderbolts* met en avant une équipe de super-héros moins connue que les Avengers ou les Gardiens de la Galaxie. Malgré la présence d’acteurs de renom comme Florence Pugh, qui reprend son rôle de Yelena Belova, et d’autres figures familières du MCU, le potentiel de ces personnages reste limité en termes d’attrait pour le grand public. Contrairement aux mastodontes comme Iron Man ou Captain America, les Thunderbolts n’ont pas le même poids culturel ou le même pouvoir d’attraction. Le concept même du film – une équipe formée de personnages moralement ambigus et souvent secondaires – est un pari risqué. Si les critiques louent le ton du film et certaines performances, cela ne suffit pas à transformer une œuvre en événement incontournable pour un large public.
Le problème de l’usure du MCU
Une des raisons principales de ce démarrage tiède réside dans l’usure progressive de la marque Marvel. Après plus de 30 films et séries entremêlés, le public semble de plus en plus fatigué par la formule répétitive du MCU. Les intrigues complexes et interconnectées, qui constituaient autrefois un atout, deviennent aujourd’hui un frein pour les spectateurs occasionnels qui se sentent perdus ou dépassés. De plus, les attentes des fans les plus fidèles ne sont pas toujours satisfaites. La Phase 4 et la Phase 5 de l’univers Marvel, notamment, ont été marquées par des films et des séries aux critiques mitigées. Des productions comme *Ant-Man et la Guêpe: Quantumania* ou *Eternals* ont eu du mal à captiver, en partie à cause d’une direction artistique et narrative qui manque parfois de clarté ou d’innovation.
Le contexte concurrentiel du box-office
Si *Thunderbolts* peine à briller, c’est aussi en raison d’une concurrence féroce. Les cinémas américains regorgent en ce moment de productions variées qui attirent des spectateurs de tous horizons. À la deuxième place du box-office, le thriller horrifique *Sinners* de Ryan Coogler continue de faire sensation. Avec un budget modeste de 90 millions, le film a déjà amassé près de 180 millions de dollars sur le sol américain et affiche une longévité impressionnante. Ce succès illustre un basculement dans les goûts du public. Les films originaux, souvent portés par des concepts audacieux ou des réalisateurs visionnaires, trouvent leur place dans un marché qui privilégiait autrefois les franchises et les blockbusters. *Sinners*, salué pour son ambiance unique et ses performances, montre qu’il existe une demande pour des récits moins conventionnels.
Minecraft : le mastodonte inattendu
Autre acteur clé du box-office, l’adaptation cinématographique de *Minecraft* continue de dominer les classements. Avec 13,7 millions de dollars supplémentaires engrangés ce week-end, le film s’approche des 400 millions sur le sol américain et affiche un total mondial de 873,4 millions de dollars. Bien qu’il soit peu probable qu’il atteigne le milliard avant la fin de sa carrière, *Minecraft* s’impose comme un succès massif et une franchise en devenir pour Warner Bros. Ce phénomène illustre un autre défi pour Marvel : la montée en puissance de nouvelles franchises et adaptations. Alors que le MCU repose sur des personnages et des récits déjà bien établis, des projets comme *Minecraft* ou *Sinners* captivent en offrant des expériences inédites ou inattendues.
Quelles leçons pour Marvel ?
Le cas de *Thunderbolts* souligne plusieurs problématiques auxquelles Marvel Studios doit faire face. Voici les principaux enseignements que le studio pourrait tirer de ce lancement :
- Réinventer la formule : Les spectateurs semblent désormais en attente de récits plus frais et moins formatés. Marvel pourrait s’inspirer de concurrents comme A24 ou Blumhouse, qui misent sur des approches plus audacieuses et originales.
- Réduire les attentes financières : Les budgets astronomiques ne garantissent plus un retour sur investissement automatique. Une rationalisation des coûts pourrait permettre au studio de mieux gérer les risques.
- Explorer de nouveaux genres : Si les super-héros restent au cœur de Marvel, des incursions dans des genres différents, comme le thriller ou l’horreur, pourraient revitaliser la marque.
- Recentrer l’intrigue globale : L’univers étendu du MCU, bien que fascinant, devient de plus en plus complexe. Une simplification des arcs narratifs pourrait rendre les films plus accessibles et attractifs pour un public plus large.
Un avenir incertain pour le MCU
Si *Thunderbolts* ne sauve pas Marvel, il n’est pas pour autant un échec cuisant. Le film bénéficie de critiques positives et pourrait maintenir une performance honorable dans les semaines à venir. Cependant, il ne parvient pas à inverser la tendance d’érosion progressive de l’intérêt pour le MCU. Marvel Studios, qui a longtemps été considéré comme une machine à succès infaillible, se retrouve dans une situation où chaque décision compte. Le studio devra redoubler d’efforts pour regagner la confiance et l’enthousiasme du public, tout en s’adaptant à un marché en constante évolution.
La couronne, mais pas la gloire
En conclusion, même si *Thunderbolts* décroche la première place du box-office, ce triomphe est loin d’être suffisant pour enrayer la crise que traverse Marvel. Le film met en lumière un problème structurel plus vaste : l’épuisement d’une formule qui a dominé le cinéma pendant plus d’une décennie. Le MCU devra innover et s’adapter s’il veut retrouver son statut de leader incontesté dans un paysage cinématographique de plus en plus concurrentiel.